Les indemnités des accidents du travail seront imposées
Recul notoire ou retour à plus de justice ? Alors que jusqu’à présent les indemnités perçues dans le cadre d’accidents du travail ou de maladie professionnelle n’étaient pas soumises à l’impôt sur le revenu, les députés ont entériné vendredi un amendement UMP supprimant ce que certains pouvaient considérer comme un avantage. Ou la contrepartie d’une éventuelle faute de l’employeur …. ? Les accidents du travail étant parfois la conséquence de manquements de l’employeur quant à l’application des règles de sécurité. Autre vaste sujet.
L’amendement a été adopté par 57 voix contre 25, les socialistes parlant quant à eux de « provocation ».
Rappelons que l’initiative de ce texte controversé revient à Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l’Assemblée.
Un sous-amendement de la députée UMP Marie-Anne Montchamp a été également entériné. Ce dernier limite la part de fiscalisation à 50% du revenu, ce qui correspond tout de même à un niveau de ponction fort important par rapport au « traitement » initial. Certes, les malheureux « bénéficiaires » de cette mesure auront quelques mois pour mettre de l’argent de côté, puisque cette nouvelle fiscalisation s’appliquera à partir de 2011 sur les indemnités versées en 2010.
Jean-François Copé argumente sa position en estimant qu’il s’agit d’un geste « d’équité fiscale » qui aligne le régime fiscal de ces indemnités journalières sur celui des arrêts maladie et les autres revenus de remplacement.
Le rapporteur général de la commission des finances, Gilles Carrez (UMP), considère quant à lui qu’ »il s’agit de corriger une anomalie fiscale » permettant de mettre fin à une « injustice« . Rappelant en effet qu’à l’heure actuelle, les indemnités versées en cas de maladie ou de maternité sont d’ores et déjà imposables.
Précision et non des moindres : les salariés relevant du cadre de l’incapacité permanente de travail ou de l’invalidité, et percevant à ce titre là une rente ne seront pas impactés par ces nouvelles mesures, lesquelles ne s’appliqueront que sur les indemnités journalières.
Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes publics, a rappelé que cet amendement avait l’accord du gouvernement. « Il s’agit d’une niche fiscale et doit donc être traitée comme telle. Il s’agit de revenus de remplacement« , a-t-il par ailleurs affirmé. Une « niche fiscale » qui devrait rapporter quelque 150 millions d’euros à l’Etat.
Quoi qu’il en soit, l’amendement a été vivement critiqué par plusieurs associations comme la Fédération nationale des accidentés de la vie. Syndicats et opposition ont également fait entendre leur voix.
Selon Henri Emmanuelli (PS), il ne s’agit ni plus ni moins d’une « provocation stupide » et « intolérable« .
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), saisi par le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), hostile à cet amendement, a rendu le 13 octobre un avis négatif. « L’abandon de ce projet, qui aurait méritéune étude d’impact, serait le bienvenu dans l’immédiat », a exhorté à sa manière le président du CESE, Jacques Dermagne.
Pour être définitivement adopté, le texte a tout de même de la route à faire. Cet amendement fait partie intégrante du projet de loi de finances pour 2010 sur lequel les députés se prononceront mardi prochain. Pour examen par le Sénat à partir du 19 novembre.
Sources : Reuters, AFP, Le Monde